Élevage de poussière (Duchamp 1920), reliefs de tables (Spoerri, Restaurant de la City-Galerie, 1965), scarifications du Body Art, tous ces nouveaux objets de l'art qui rendent les foules de spectateurs perplexes partagées entre l'humiliation de ne pas comprendre et la colère d'être dupées, posent une question théorique, dépassionnée et simple : tout objet peut-il devenir un objet esthétique? N'importe quel objet peut-il être promu à cette dignité? L'énumération ci-dessus invite semble-t-il, à conclure par l'affirmative. Alors même que certains courants de l'art contemporain sont rangés par Harold Rosenberg sous la bannière de la 《désesthétisation》, leurs objets ne continuent-ils pas à faire l'objet d'attention esthétique au sens 《d'attention désintéressée et pleine de sympathie et (de) contemplation portant sur n'importe quel objet de conscience quel qu'il soit, pour lui-même seul》? Au point qu'on semble autorisé à conclure avec John Cage : 《l'art moderne du XXème siècle a eu pour effet de changer notre manière de voir, si bien que, où que nous regardions, nous pouvons regarder esthétiquement》. Tout objet du monde, à défaut d'être esthétique, serait esthétisable, c'est-à-dire susceptible d'être considéré esthétiquement. Le champ de l'esthétisable n'aurait alors d'autres bornes que celui de l'aisthésis. Mais qu'est-ce exactement que montrent les fails que l'on vient d'invoquer à l'appui de cette thèse de l'illimitation du champ de l'esthétisable? Le constat indiscutable de l'extension des objets de l'art signifie-t-il nécessairement l'illimitation du champ des objets esthétiques?
雑誌名
Journal of the Faculty of Letters, the University of Tokyo, Aesthetics
巻
25
ページ
35 - 47
発行年
2001-03-24
ISSN
03862593
書誌レコードID
AA00252031
フォーマット
application/pdf
日本十進分類法
700
出版者
Faculty of Letters, the University of Tokyo
出版者別名
東京大学大学院人文社会系研究科・文学部美学芸術学研究室
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